
Sara Ouhaddou – Maison de la culture du Japon à Paris
Sara Ouhaddou – Maison de la culture du Japon à Paris LES ÊTRES LIEUX : commissaire Elodie Royer
Etienne Armandon
Eric Aupol
Yto Barrada
Matthias Bruggmann
Antonio Caballero
Marcos Carrasquer
John Casey
Odile Decq
Simon Faithfull
Vanessa Fanuele
Harald Fernagu
Speedy Graphito
Patrick Guns
Louis Heilbronn
Khaled Jarrar
Richard Mudariki
Sara Ouhaddou
Nigel Rolfe
Walter Van Beirendonck
Clémence Van Lunen
Simon Willems
Centre d’art contemporain A cents mètres du centre du monde
LES VANITÉS DE NOTRE TEMPS
Comme mis en boîte, personnages et objets coexistent dans une réalité, apparemment inexplicable. Tous appartiennent à la même composition, ironiquement solennelle et déclamatoire. Déclamatoire oui, car il y a une touche satirique dans ce silence chaotique où rien ne semble tenir du hasard. Si tout est rendu avec une objectivité méticuleuse, c’est surtout la négation de toute relation qui nous pousse à créer des connecteurs rationnels et logique. Impossible de ne pas se questionner sur un quelconque sens, sur une énigme à percer, un message à décoder. Pourquoi cette liasse de dollars ? Quel lien unit ce vieil ordinateur cassé à ce pot à cornichons ? Pour autant, est-ce que nous nous interrogeons de la sorte lorsque nous déposons négligemment un livre près d’une boîte à médicaments sur une table de nuit ? Non, évidemment. En ce sens, les peintures de Marcos Carrasquer sont des interrogations sur le caractère construit des choses. À l’image de Max Ernst, l’artiste cherche volontairement « la rencontre de deux réalités distantes sur un plan étranger à toutes deux ». Ce principe d’association irrationnelle de figures hétérogènes, où le bon sens comme la logique font défaut, est proche du « modèle intérieur » que réclame André Breton. Néanmoins, si un mystérieux jeu de correspondances et d’apparences est invariablement tangible dans l’oeuvre de Marcos Carrasquer, il ne s’agit pas pour autant de surréalisme. S’émane davantage une confrontation-fusion riche en références historiques et en allégories sur fond de sarcasme. D’une toile à l’autre, des dénominateurs communs se distinguent : l’horloge, le nazi, la maladresse, la laideur, l’argent, le pansement, le téléphone portable ou le livre. Ces éléments forment un vocabulaire carrasquerien, employé pour dépeindre une humanité tyrannique, vilaine et tourmentée. Ici, l’être humain n’est que la matérialisation acerbe de ses défauts. Si Francisco de Goya portraiturait avec raillerie les ravages du temps sur deux vieillardes parées de richesses futiles, Marcos Carrasquer à son tour peint les vanités de notre époque. Les traits fatigués, aigris ou vicieux rivalisent de disgrâce comme pour mieux ridiculiser la superficialité des apparences. Cette hyper-superficialité, omniprésente, étouffe notre mal-être, nous rend stérile face à l’horreur, nous fait perdre la mémoire. Ces livres et ces horloges incarnent ainsi la dilution du lointain souvenir qui s’efface au fil des heures… Les réminiscences de l’extrémisme, de la corruption et des atrocités du passé n’altèrent en rien notre imperturbable tranquillité… Focalisés sur l’instantanéité de notre téléphone ou l’allure de notre physique, nous sommes ces êtres devenus uniformément beaux mais emplis de défauts innombrablement laids.
Anne-Laure Peressin
L’exposition se tiendra aux côtés de Préservation du temple de Rosa Loy.
Sara Ouhaddou – Maison de la culture du Japon à Paris LES ÊTRES LIEUX : commissaire Elodie Royer
Exposition des six artistes finalistes pour le prix de la Fondation Mario Merz – Turin – Yto Barrada
SIMON FAITHFULL – FONDATION EDF Faut-il voyager pour être heureux ? du 20 mai 2022 au 29 janvier 2023
Vanessa Fanuele, Ultra #17, huile sur toile, 30 x 48 cm, 2020 Oniric Landscapes Exposition du 9 février
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